la documentation de summilux.net

Sommaire > Leica M > Leica M argentiques > Leica M argentiques anciens > Leica M6

Leica M6

(1984-1999) - un M4-2 avec cellule embarquée

mardi 19 avril 2005, par Alesc

Leica M6 Leica M6 chromé et Summicron f:2/35 mm asphérique. © Alesc

Le Leica M6, sorti en 1984, a réussi ce que le M5 n’avait pu accomplir : il est muni d’une cellule tout en conservant la ligne légendaire du M, introduite trente ans plus tôt par le M3. Basé sur le M4-P, le M6 dispose en plus d’un posemètre (photodiode au silicium) parfaitement intégré.
Il sort tout d’abord en noir, puis il est disponible en chromé (1986) et enfin en titane (1992). Le viseur offre un grandissement de 0,72 (base mécanique : 69,25 mm ; base effective : 49,9 mm), qui affiche par paire six cadres : 35-135 mm, 50-75 mm et 28-90 mm. En 1997 sort une version 0,85 du M6, le M6HM (pour High Magnification). Seulement 3130 appareils sont produits (uniquement en version noire), puisque le M6 TTL 0,85 prend la relève en 1998. Le HM dispose des mêmes cadres que le M6, celui du 28 mm en moins.
Le boîtier du M6 (560 grammes) est constitué d’un châssis métallique monobloc en aluminium moulé sous pression. Le capot supérieur est en zinc (1 mm d’épaisseur), la semelle inférieure est en laiton (0,8 mm), le capot supérieur de la version titane étant lui en laiton (0,8 mm). Si le Leica M6 reprend le châssis et la forme de sa légendaire lignée, voyons maintenant ce qui le différencie de ses aïeux...

éclaté d’un Leica M6 figurant dans une brochure Leica de 1998

Les nouveautés

La grande nouveauté du Leica M6 est la mesure sélective qu’il intègre, sans faire prendre aux canons du M le moindre embonpoint ! Là où le M5 avait dû prendre des formes pour embarquer l’électronique nécessaire à un système de mesure, le M6 demeure très fidèle à la forme originelle du M. Cela a été rendu possible grâce à la miniaturisation de l’électronique qui a beaucoup progressé entre 1971 et 1984. La photodiode au silicium est placée en haut de la chambre du boîtier. Contrairement à la cellule du M5, elle est fixe et ne s’escamote pas pour la prise de vue : le système de mesure du M6 est donc beaucoup moins délicat. La cellule est orientée vers une pastille blanche collée sur le premier rideau de l’obturateur (on peut la voir lorsque l’obturateur est armé). Cette pastille blanche reflète la lumière et correspond à la zone de mesure : c’est un cercle de 12 mm de diamètre qui représente les deux tiers de la hauteur de l’image, soit 13% de la surface du négatif. En dépit de la forme ronde de la zone de mesure, ce n’est donc pas une mesure spot, mais une mesure sélective, plus large.
Lorsque l’obturateur est armé et que l’on presse à mi-course sur le déclencheur, on peut alors voir en bas du viseur l’affichage du système de mesure. Il est constitué de deux flèches rouges (diodes luminescentes) allumées soit isolément pour nous indiquer dans quel sens tourner la bague de diaphragme afin d’obtenir une exposition correcte, soit simultanément pour signifier que la mesure est bonne. L’intensité d’éclairement de ces diodes est variable, permettant une grande précision dans l’affichage de la mesure. Le bas de la fenêtre du télémètre est argenté afin que les diodes se distinguent bien même en cas de forte lumière ambiante.
La cellule est alimentée, au choix, par deux piles à l’oxyde d’argent SR44 ou par une pile au lithium au format 1/3N.
Tout comme le M4-2 et le M4-P, le M6 n’a pas de retardateur, mais cette absence peut enfin être justifiée avec le M6 : le logement des piles est situé à l’endroit qu’occupait le mécanisme du retardateur sur les Leica M précédents (M3, M2 et M4).

Leica M6 chromé et Summicron f:2/50 mm © Alesc

Les variantes

  • En 1986, on ajoute au-dessus des œillets de fixations de la courroie deux petites pièces en plastique qui empêchent l’abrasion du corps du boîtier par la courroie.
  • Les gravures : sur les premières versions, on gravait "Leica M6" sur le devant de l’appareil, à côté de la pastille revêtue du logo "Leitz", tandis que l’inscription "Ernst Leitz Wetzlar GmbH" apparaissait seule sur le dessus du boîtier. En 1988, cette dernière disparaît et la mention "LEICA CAMERA GMBH - GERMANY" est gravée à l’arrière. Après le changement de raison sociale de la firme allemande, la pastille "Leitz" devient elle aussi "Leica".
  • Le domaine de sensibilité de la cellule est progressivement étendu vers le bas (-1 à +20 IL dans la dernière livrée). Il est à noter aussi que les diodes des versions antérieures à 1988 ne clignotent pas lorsque le domaine de mesure de la cellule est dépassé vers le bas.
  • Parmi les premiers M6 chromés portant la marque "Leica" (et non plus "Leitz"), certains sont sortis avec plusieurs pièces noires : le sélecteur de champ, le barillet des temps de pose, le levier et la manivelle de rembobinage. On ignore la raison de ce métissage (pénurie de pièces chromées ?), mais on les appelle couramment les " M6 panda ".

Le M6J

J’ai choisi ici de ne point évoquer les multiples séries limitées de M6 commémorant divers événements, ni les boîtiers plaqués or et revêtus de peau de lézard : ces appareils s’adressent davantage à certains collectionneurs fortunés qu’aux photographes... Mais il m’a paru intéressant, parmi les 24 séries spéciales de M6 et les 9 de M6 TTL, de s’attarder sur l’une d’entre elles, le M6J. En effet, en plus d’être l’un des plus beau M jamais réalisé, il annonce le M6HM et tous les autres boîtiers ultérieurs proposés avec un viseur différent du 0,72, qui s’était imposé sur le M6.

M6J et son Elmar f:2,8/ 50 mm. © Clic

Le M6J (pour Jubilee) sort en 1994, pour le quarantième anniversaire de la série M. Pour rendre hommage au pionnier de la lignée M qu’est le M3, le M6J reprend un grandissement de viseur plus proche de la vision humaine (M6 : 0,72, M3 : 0,91 et M6J : 0,85) ainsi que certaines parties de son design comme les moulures autour des fenêtres du viseur et du télémètre, le gainage en vulcanite ou encore l’aspect de ses différentes commandes (levier d’armement, sélecteur de champ, levier et bouton de rembobinage, bouton de déverrouillage de l’objectif). Comme sur le M3, le viseur affiche les cadres des focales de 50, 90 et 135 mm, auxquels a été ajouté le cadre du 35 mm.
Un M muni d’un tel viseur était plébiscité par beaucoup de photographes grands utilisateurs de 50 mm, qui regrettaient fortement le superbe viseur du M3, au champ moins large que celui du M6 (capable d’afficher le 28 mm), mais redoutable lorsqu’il est employé avec des focales longues ou standard (champ plus confortable, base de mesure supérieure). Proposé avec un Elmar f:2.8/50 mm rentrant, les 1640 exemplaires (40 pour chacune des 40 années de la série M) produits sont partis vite. Le vif succès du M6J et de son 50 mm, utilisés par exemple par Raymond Depardon, témoigne d’un besoin non comblé des utilisateurs de M. L’Elmar rentrant réapparaît donc au catalogue peu après, puis un M6 équipé d’un viseur semblable (0,85), le M6HM, est proposé en 1997.

Numéros de série : de 1657251 à 2470300
132454 exemplaires produits, dont 75453 noirs, 51725 chromés et 5276 séries spéciales

Pour la suite de cet article, passez au M6 TTL >>>>>> !