summilux.net

https://www.mep-fr.org/event/memoria/

Ca a l'air "splendide" (je mets des guillemets vu les sujets abordés) et l'expo dure jusqu'au 29 juillet.

En tous l'épouvantable équipe Monterosso-Chapier (et ses expos toutes plus débiles les unes que les autres) a définitivement quitté la MEP et ça c'est plutôt une bonne nouvelle!

Une très bonne expo,des photos et des tirages magnifiques,un sens aiguisé du cadrage ...
un bemol les textes de présentation,débilisants et infantilisants qui vous expliques ce qu'il y a à voir et comment il faut le voir ...
comme si ... !

Plus que quelques jours pour ne pas rater cette fantastique expo.

J'en sors. Le photojournalisme n'a jamais été ma tasse de thé, et je l'ai confirmé aujourd'hui. Les photos de Nachtwey sont irréprochables techniquement, parfaitement cadrées, prises au bon moment; elles sont très fortes, souvent insupportables à mes yeux. Et je me dis toujours que devant tant de misère, de terreur, de mort, je n'aurais jamais pu sortir mon appareil. Photographier la misère, la désolation, très peu pour moi.

Alors que j'étais à Kyoto, il y a deux ans, le bus dans lequel j'étais monté s'est arrêté en chemin, le chauffeur nous disant qu'il ne pouvait aller plus loin à cause d'un accident (oui, je comprends et parle un peu le japonais...). Nous sommes descendus et nous sommes trouvés en plein milieu d'une scène difficilement supportable : le chauffeur d'une fourgonette avait perdu le contrôle de son véhicule et avait foncé dans la foule qui traversait le passage clouté. Des morts, des blessés gémissants, une scène d'apocalypse. J'avais mon appareil avec moi..... mais il est resté dans ma sacoche. Je n'ai pas pu. Je suis resté là, paralysé; les secours sont arrivés dans les minutes qui ont suivi.
Le lendemain, les photos que j'aurais pu prendre paraissaient dans le quotidien local.

Ben oui, et c'est pour ça Que Nachtwey est reporter, et pas toi, ni moi

Oui. Il faut être blindé pour faire ce genre de boulot. Les mariages, c'est quand même moins éprouvant

Je me suis dit à peu près la même chose en sortant de l'expo Caron, après avoir vu ses images du Biafra.
En même temps on peut penser que s'il n'y a personne pour témoigner de ces horreurs elles s'effacent de notre mémoire collective.

En plus concernant Nachtwey il est d'une précision scrupuleuse quant aux légendes de ses photos.
Dans son livre-somme "Inferno" ses photos de Goma en 1994 précisent bien qu'ils s'agit des génocidaires Hutu (qui ont fui le Rwanda et l'avancée du FPR).

Salgado sur le même terrain et au même moment s'en fout complètement, et dans son livre "Exodes" évoque seulement de "réfugiés" et les photographient à l'aube ou au crépuscule parce que la lumière est plus belle et donne de beaux effets à travers les tentes (sic).

Dans un cas on a un témoin de l'Histoire conscient de ce qu'il fait (Nachtwey) de l'autre un vendeur de posters et de calendriers qui au final se fout complètement de ce qu'il photographie (Salgado).
Je préfère Nachtwey.

On en sort accablé en tant qu'être humain (tant de misère de souffrance...) et enthousiasmé en tant de fan de photo car c'est vraiment COMME CA que toute expo touchant à l'image fixe devrait être organisée.

Courez-y, c'est l'un des expos de l'année...

+1

Bonsoir,
De retour de voyage, je saisis le bout de ce fil....C'était une exposition absolument remarquable. Photographies impeccables, cadrage au cordeau. Des images saisissantes de ce qui marque le plus souvent la mémoire: souffrances, douleurs, parfois colère et aussi quelques brefs éclairs de tendresse. J'ai beaucoup aimé l'absence de toute esthétisation de la souffrance. Mais j'ai quand même quitté cette expo avec un certain pincement au cœur d'admirer ces images dans le douillet confort parisien.
Dans une récente émission sur Arte (diffusée le 25/07) le photographe indien Raghu Rai cite en préambule HCB qui aurait dit: "Il faut avoir l’œil froid et le cœur chaud" , ce qui n'est assurément pas à la portée de tout le monde.
J'ai eu l'occasion, il y a quelques années de voir le film "War Photographer" de Christian Frei (2001) sur James Nachtwey, sa façon de travailler m'a fait penser à l'attitude d'un samouraï, bien sûr cet aspect n'apparaît qu'en creux dans l'expo, mais ce film est impressionnant de simplicité.

Bonnes photos à tous.

P.S. Le film sut Raghu Rai est un peu inégal, mais ce qu'il dit à la fin sur sa façon de se situer dans un connexion absolue avec le monde autour de ce qu'il photographie a été intéressant pour moi.