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Il y a quelques années, j'ai découvert le petit cimetière de Marville, qui est situé en Lorraine, pas très loin du magnifique village gaumais de Torgny (Belgique).

J'y suis retourné hier pour faire ce reportage.

Dans ce cimetière il y a quelque chose de particulier qui, quand on l'a vu, s'imprime définitivement dans le souvenir.

On y entre en passant par ce tourniquet:


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Un peu plus loin, sur la droite, il y a un petit bâtiment avec trois murs et un toit et où l'espace ouvert est grillagé.


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Des gens sont venus graver des noms, des dates, des mots.


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En s'approchant, on découvre l'intérieur:


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"Nous avons été comme vous. Vous serez comme nous..."


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Trois murs de crânes et d'os.

Quarante mille personnes qui n'auront jamais été si semblables et si proches que dans la mort.

Quarante mille anonymes et autant de vies, d'histoires.

Mon coeur qui bat, mesure le temps qui m'échappe et part les rejoindre dans l'éternité où ils sont.


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Et je repars à travers le cimetière, lisant ici ou là une phrase qu'un vivant adresse à un mort...



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Le temps continue à effacer les traces de ce qui n'est qu'un passage parmi ceux qui voient, qui entendent, qui respirent, qui goûtent, qui caressent et qui partagent tout cela...

L'atmosphère est là, le mur de crane est cauchemardesque,
Et ben on peu dire que tu as "plombé" mon après midi.
Malgrès cela, et merci pour cette ballade mélancolique

Désolé...
pour me faire pardonner, voici un texte qui permet de remettre certaines valeurs à leur place, et de voir la mort autrement:

"Lettres à Lucilius"

"Oui, c'est cela, mon cher Lucilius, revendique la possession de toi-même.
Ton temps, jusqu'à présent, on te le prenait, on te le dérobait, il t'échappait. Récupère-le et prends-en soin.

La vérité crois-moi, la voici : notre temps, on nous en arrache une partie, on nous en détourne une autre et le reste nous coule entre les doigts.

Pourtant, il est encore plus blâmable de le perdre par négligence.

Et, a bien y regarder, l'essentiel de la vie s'écoule à mal faire, une bonne partie à ne rien faire, toute la vie à faire autre chose que ce qu'il faudrait faire.

Tu peux me citer un homme qui accorde du prix au temps, qui reconnaisse la valeur d'une journée, qui comprenne qu'il meurt chaque jour?

Car notre erreur, c'est de voir la mort devant nous.

Pour l'essentiel, elle est déjà passée.

La partie de notre vie qui est derrière nous appartient à la mort.

Fais donc, mon cher Lucilius, ce que tu me dis dans ta lettre : saisis-toi de chaque heure.
Ainsi tu seras moins dépendant du lendemain puisque tu te seras emparé du jour présent.
On remet la vie à plus tard, pendant ce temps, elle s'en va.

Tout se trouve, Lucilius, hors de notre portée.
Seul le temps est à nous.
Ce bien fuyant, glissant, c'est la seule chose don't la nature nous ait rendu possesseur : le premier venu nous l'enlève.
Et la folie des mortels est sans limite : les plus petits cadeaux, ceux qui ne valent presque rien et qu'on peut facilement remplacer, chacun en reconnaît la dette, alors que personne ne s'estime en rien redevable du temps qu'on lui accorde, c'est-à-dire de la seule chose qu'il ne peut pas nous rendre, fût-il le plus reconnaissant des hommes."

Sénèque, 30 XI 0063

Merci à Léopold pour l'expertise historique.

Ajoutons que ce cimetière est situé dans un très bel endroit, bien au calme.

Et que pour ceux qui décideraient d'aller faire un tour dans la région il y a pas très loin le village de Torgny qui est charmant et où on cultive la vigne.

Et oui, il y a des vins belges!

Je ne comprends pas bien pourquoi la série de photos à propos du cimetière de Marville a été déplacée vers la section "Architecture "car il est fort peu question de ça dans mon reportage.

Je croyais que la section "Promenades photographiques" convenait parfaitement à ma démarche, c'est à dire d'explorer un lieu, avec des commentaires, bref, ce qui est défini dans le post-it de cette section-là.

Je crois que les choses ne sont pas assez claires.

Mais, soit...

Je trouve ça dommage.

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Intervention de modération : fil replacé dans la section souhaitée par l'auteur.

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Merci pour votre compréhension!
Je me sentais découragé mais maintenant ça va mieux.

J'ai eu l'occasion de visiter Marville et son cimetière pas plus tard que la semaine dernière et mes photos (couleur) sont en cours de développement. Si elles ne sont pas trop moches, pourrais-je en ajouter à ce fil ? Je ne sais pas si cette rubrique est strictement personnelle ou peut être "ouverte".

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(Administration) Bien sûr, et même au contraire !
Tous les fils demeurent "ouverts", afin d'encourager la confrontation des images et des différentes visions photographiques.
Aucune rubrique n’est « strictement personnelle », sauf rares cas particuliers éventuels à la demande expresse de l’auteur.
En outre, prolonger un fil existant sur le même sujet - au lieu d'en créer un nouveau - préserve la lisibilité du forum.

c'est pas gai! C'est surtout le côté accumulation à l'identique (tous égaux dans la mort)
j'avais pas idée que les khmers rouges étaient passé par Marville!
Ce sont les ossements d'un massacre ou une accumulation de morts "naturelles"?

Marville avait une ancienne léproserie..
C’est peut-être une explication… !!

http://tf1.lci.fr/infos/jt/0,,3349004,0 ... ique-.html

@...Phil

Merci pour le reportage, c'est très intéressant, je ne connaissais pas.

Mais ça nous met la dure réalité devant les yeux...



Saint Jean disait:
"Tenez-vous toujours prêt, car nul ne connaît ni le jour ni l'heure"

Bon W.E.

Naej

Je ne vois pas ce qu'il y a de "pas gai" dans ce très beau reportage de Phil VDD et encore moins dans les cimetières en général. Pour ma part j'y trouve toujours la paix et la sérénité que le quotidien ne permet que rarement de ressentir. Que ce soit un lieu où mes proches reposent ou non, c'est de toute façon en ces endroits qu'il est possible de ressentir ce qui étonne, intrigue voire dérange parfois à savoir "la Communion des Saints". Merci à toi Phil de l'avoir regardée en face...

ce qui a trait à la mort n'est pas gai, même si nécessaire au sens de la vie

Enrok, je comprends ton point de vue.

A propos des Khmers Rouges, j'ai passé un mois au Cambodge et je suis allé au camp S21 ainsi qu'à 15 km de là, où on "supprimait" les prisonniers.

Il y avait aussi un ossuaire et ce qui m'a marqué ce sont les crânes d'enfants.
Dans des trous, on distinguait des ossements et des bouts de vêtements.
C'était très dur à vivre mais je me le suis imposé car c'est une réalité qu'il faut pouvoir regarder.
En revanche, j'aurais été incapable de prendre la moindre photo tellement le lieu imposait le recueillement devant ce que la vie peut avoir d'absurde.

Les "os rangés" de Marville n'évoquent pas toute la violence que j'ai ressenti à Phnom Penh.
C'est leur ressemblance et cette proximité qu'ont ces crânes qui m'ont fait dire qu'on devient un jour tous pareils.

Mais le plus tard possible, hein!





On aurait pu se croiser! Bien sûr que nous serons tous intéressés par ta vision du lieu!
Comment as-tu entendu parler de cet endroit?

Je trouve ces images.... calmes. Sans effets dramatisants, réalistes. C'est, paisible.... j'aime ?!

Tu as déjà visité les Catacombes Parisiennes ?

Merci.

Non, je n'ai jamais visité grand chose à Paris... sinon les restaurants et des hôtels très divers, une seule fois le Lutetia, les autres fois c'était parfois des hôtels louches.

J'ai un problème avec cette ville-là... Mais ça, c'est une autre histoire.

J'étais là mercredi dernier à l'occasion d'une semaine de vacances en Gaume, région que j'affectionne particulièrement (bien sûr, je connais Torgny et ma bière préférée est l'Orval) pour, notamment, ses petites routes bucoliques qui traversent nos belles forêts.

Ma moitié collectionne les brochures touristiques qui remplissent de nombreuses étagères de ma bibliothèque et j'ai découvert Marville dans l'édition 2006 (particulièrement bien documentée - 272 pages, excusez du peu) de "Virton, soleil de Gaume". C'est le titre accrocheur de "Marville l'Espagnole" qui m'a attiré et je ne pouvais pas manquer le cimetière Saint-Hilaire qui est longuement décrit dans la brochure.

J'ai visité le cimetière en fin d'après-midi avec une belle lumière rasante (le beau temps était au rendez-vous) et j'espère que mes quelques modestes photos seront montrables - mon cadrage est beaucoup plus "classique" que le tien et j'aime beaucoup ton point de vue sur le tourniquet.

L'ossuaire est impressionnant (40.000 crânes + autant de fémurs servant de base pour l'empilage) mais m'a mis mal à l'aise et je n'ai pas pris de cliché. Ce qui m'a fait froid dans le dos également, ce sont les sépultures d'enfants mort-nés ou en bas âge, tous de parents anglophones - assez curieusement - qui s'alignent dans une même allée qui leur est consacrée.

Ceci dit, ce cimetière est admirablement situé sur une petite colline en bord de forêt.