Bonjour !
Richard a bien raison quand il blague ainsi ! Il a écrit :
pourquoi faire compliqué lorsque l'on peut faire simple...Les 20° sont des plus simples à tenir et s'ils sont respectés impossible de louper un développement en respectant le process...mais bon ...
En effet, développer un film est une opération
méticuleuse, mais
simple !
Il faut opérer avec
soin, ordre et méthode pour obtenir
facilement un
bon résultat !
Marielle a écrit :
Mais lorsque le développement dure 10 minutes, ou plus, avec les agitations, les retournements, etc... le tout dans une salle de bains pas forcément à 20° (surtout en hiver
), comment s'assurer que le bain reste à 20° ?
(c'est pire à 24°)
Est-ce que vous fonctionnez au bain-marie ? (...)
La question venait du fait qu'en ce moment, la salle de bains est franchement fraîche, et que partant de 20°, j'avais peur d'un sous-développement du fait du refroidissement ambiant.
Dans ce cas, il faut éliminer ce paramètre "refroidissement" en développant tes films dans une autre pièce en hiver : pourquoi pas dans ta cuisine ? Après tout, en argot de laborantin, on nomme bien "soupe" le révélateur !
Tu écris que "c'est pire à 24°" : en effet, mais - à mon avis - une température aussi élevée est à éviter, car elle n'apporte rien et au contraire peut nuire à la qualité du développement (une température élevée implique une notable réduction du temps de développement, donc augmente corrélativement l'incertitude sur sa durée exacte, compte tenu du temps nécessaire aux transvasements des liquides). Il est vrai que les notices des révélateurs indiquent, parmi diverses températures possibles, celle de 24° : c’est uniquement pour permettre le développement dans le cas où il ne serait pas possible d’utiliser une température inférieure…
Quant au bain-marie, oui c'est une excellente méthode pour égaliser à 20° C la température des trois liquides initiaux (révélateur, bain d'arrêt et fixateur), voire celle de la cuve elle-même avant le début des opérations.
Marielle, tu as aussi écrit que tu te fies aux données inscrites sur les révélateurs : tu as parfaitement raison, car ces indications sont mûrement élaborées par les fabricants et doivent être suivies à la lettre !
Laborantin chevronné, Jean-Yves a écrit :
La température n'a d'importance que pour le développement, pas pour le fixage ni le lavage
C'est vrai ; cependant il est bon de ne pas faire subir au film de contraste thermique trop important (risque de réticulation) : ne pas le plonger brutalement depuis le bain de fixage, à par exemple 20° C, dans une eau de lavage qui serait, par exemple, à 10° C... L'idéal est de maintenir à 20° C la cuve et les trois liquides initiaux précités ; c’est assez facile avec un peu d’organisation ; la précision requise n’est pas non plus au dixième de degré !
Dans la pratique, il est difficile de laver une bonne demie-heure dans une eau "tiède" (autour de 20° C) : laver à une température inférieure (celle de l'eau courante du robinet) est tout à fait possible, mais il vaut mieux - par prudence - abaisser graduellement la température, tout simplement en dirigeant un jet modéré d'eau du robinet dans la cuve (si "à fixateur perdu", cette eau va remplacer peu à peu le fixateur ; si "à fixateur récupéré", prévoir un premier bain de rinçage constitué d’eau portée à 20° C).
Je rappelle qu'il est inutile de laver à l'eau courante, contrairement à ce que l'on croit (ce qui en outre entraîne un gaspillage) : il est au moins aussi efficace de laver dans de multiples bains dans une petite cuvette (par exemple une dizaine), chacun étant renouvelé après quelques minutes (méthode selon la théorie de la concentration maximale, basée sur la notion de "produit de solubilité").
Enfin, je recommande la cuve de développement Agfa Rondinax 35 (licence Leitz), qui malheureusement n’est plus fabriquée mais peut se dénicher sur Ebay ; entre autres qualités, cette remarquable cuve se charge
en plein jour et est munie d’un thermomètre, ce qui permet de contrôler facilement et en permanence la température ! J’ai décrit et commenté la Rondinax à quatre reprises :
ici (27 Juillet) et
ici (28, 29 et 30 Juillet).
M'éloignant un peu du sujet initial qui concerne la température du révélateur, je terminerai par le rappel de certaines
règles et
principes de base régissant le bon développement d'un film N&B (soulignant au passage quelques marottes personnelles, ne m’en veuillez pas SVP
) :
- Respecter soin, propreté, ordre et méthode.
- Essayer d’opérer à 20° C jusqu’au lavage et éviter les chocs thermiques.
- Suivre la notice du révélateur et du fixateur ! Inutile d’utiliser de l’eau distillée, mais évidemment cela ne peut faire de mal…
- Rattrapper une éventuelle dérive de la température de développement en réduisant ou en augmentant un peu le temps, selon une évaluation certes empirique… Il est également possible de modifier l’agitation, mais je préfère jouer sur le temps.
- Avoir recours à un bain d'arrêt (acide acétique dilué, une bonne minute, le temps exact n’a guère d’importance) ; à défaut, utiliser de l’eau.
- Astuce pour vérifier que le fixateur n’est pas périmé : tremper dedans un petit morceau d’amorce de film récupéré, il doit s’éclaircir totalement assez rapidement (par exemple en environ une minute).
- Après le fixage, laver à fond le film (une bonne demie-heure, pas forcément à l’eau courante) en le laissant sur sa spire.
- Après le lavage, immerger le film (toujours sur sa spire) dans une petite cuvette contenant un dernier bain : de l’eau additionnée de quelques gouttes d’agent mouillant (ne pas en abuser, cela doit simplement mousser un peu lorsque l’on agite). Il est également inutile d’utiliser de l’eau distillée pour ce dernier bain, sauf peut-être si l’eau du robinet est vraiment très calcaire...
- Pour le séchage, suspendre le film dans un endroit calme, tiède si possible, à l’abri de la poussière et des courants d’air pouvant en transporter. Il existe des pinces d’accrochage et de lest, très pratiques ; dans certains cas (Rondinax), la spire peut servir de lest.
- Laisser ruisseler l’eau, qui s’écoule d’autant mieux qu’elle contient de l’agent mouillant (c’est son rôle). Laisser faire la nature et ne pas utiliser de pince essoreuse, les quelques gouttes résiduelles disparaîtront d’elles mêmes par évaporation ! Bon, d’accord, les avis sont partagés sur ce sujet, dont nous avons déjà amplement parlé…
- Le séchage du film est généralement beaucoup plus rapide que l’on ne pense (sauf évidemment en cas d’atmosphère humide) : voir prudemment où cela en est, au bout d’une heure par exemple (aspect, "toucher" de l’amorce).
- Dès que le film est sec, le découper précautionneusement en bandes de six vues au moyen de ciseaux très fins, glisser soigneusement chaque bande dans une feuille de classeur pour négatifs en papier "cristal" ou "cellophane", en la tenant uniquement par les bords ; juste avant, faire éventuellement "bâiller" un peu la glissière de la feuille au moyen d’une bande de carton.
Bien à vous,
Jean D.