a.noctilux a écrit :
Un grand merci à miette et Druon vous m'avez fait mieux redécouvrir Doisneau (ayant et admirant déjà quelques publications de ses photos ).
Une découverte enrichissante, en conversation... Dont cette conversation entre Frank Horvat et Robert Doineau...
[
...
Frank Horvat : Finalement les défauts du Rollei comportaient aussi des avantages. Le fait de tenir l'appareil sur le ventre donnait au photographe un air moins agressif.
Robert Doisneau : On s'inclinait devant le sujet, comme une génuflexion. Tandis que avec le 24 x 36 tu lui envoies la ligne de tir, ou de mire, en pleine poire, et si tu n'es pas très rapide ça le gêne et il te rejette. Je m'en rends compte parce qu'on me photographie de plus en plus souvent, c'est l'attirance des ruines, on devient pittoresque sans le vouloir. Et je me rends compte de ce que ça peut faire, un engin pareil braqué sur soi. Si tu te fous un doigt dans le nez, poum, le collègue ne te loupe pas.
Frank Horvat : Est-ce que cette scène de bistro a été faite au 6 x 6 ? Je la trouve miraculeuse, j'y vois six, sept, huit lignes de force, autant que de personnages. On se demande comment tu as fait pour tout percevoir dans le même instant.
Robert Doisneau : J'étais peut-être saoul. Non, en fait je ne l'étais pas. Voilà encore un décor absurde, un jeu complètement idiot. Mais ça chauffait bien.
Frank Horvat : Même la dame sur l'affiche participe à la scène. Si je la cache du doigt...
Robert Doisneau : Oui, il manquerait un personnage. C'est vrai que c'est un miracle. C'était un monde que je connaissais bien, où je me sentais à l'aise. Avant de faire une photo comme ça, il faut être admis, faire partie du matériel, venir picoler pendant des soirs et des soirs. Jusqu'à ce qu'ils t'oublient complètement. C'était peut-être un Rolleiflex, je n'en suis pas sûr. Mais c'est une bonne photo, juste le côté accidentel qu'il faut, et en même temps l'équilibre. Le bonheur qu'on t'offre et qu'il ne faut pas louper.
...
]
Merci pour ce lien a.noctilux