igemo a écrit :
Salgado est un habile commerçant qui sait vendre (...). Dans les années 80 l'air du temps était différent, plus léger, donc il aurait vendu autre chose : un pur exotisme teinté de jardin d'Eden ("ah les gentils sauvages, restés purs"), du dépaysement gentillet façon "Geo".
Dans les années 80, Salgado parcourait le Sahel, photographiait les camps et la famine en Ethiopie, au Mali, et au Tchad.
Pour voir "l'air du temps très léger" qui y régnait ses photos sont là:
https://www.amazonasimages.com/travaux-sahelEn effet, les enfants dénutris sont très légers.
igemo a écrit :
Seb nous vend un monde silvaire
On tente "sylvestre"?
Je fais partie de ceux qui ne comprennent pas ces procès. Il fait son job, plutôt bien. Depuis ses débuts avec Médecins Sans Frontières jusqu'à aujourd'hui, les photos de Salgado m'impressionnent et arrêtent le regard. Comme beaucoup, je n'aurais probablement pas entendu parler des mines d'or de Mias Gerais sans ses photos. Des sujets au long cours comme l'exode, les famines, les populations civiles en zones de conflits, les migrations ou la déforestation, sont l'objet de travaux sur plusieurs années. Après plus de 30 ans de carrière, avec le recul qui est le sien, quand il a du succès et se permet de monter une expo ambitieuse avec des moyens, de grands tirages et d'y associer Jean-Michel Jarre, c'est mal. Voudrait-on qu'il fasse une expo mal fagotée avec des bouts de ficelle pour faire plus "authentique"?
Susan Sontag, compagne de la photographe Annie Leibovitz, avait développé sa critique de manière moins superficielle. En 2002, comme quelques autres, elle avait critiqué l'esthétisation de la violence, au sujet des photos en noir et blanc de Salgado et de Nachtwey. Ce reproche s'applique à toute photo qui allie détresse ou violence à la beauté ou l'esthétique, telle
cette photo qui a valu le Pulitzer à Javier Manzano (Alep, 2012). Malgré toutes ses qualités, Susan Sontag n'est pas descendue dans les mines du Minas Gerais, n'a pas sillonné l'Amazonie ni rencontré les migrants montrés par Salgado. Elle n'a pas non plus eu à proposer ses photos à des rédacteurs en chef pour pouvoir continuer son travail. Il manque cette légitimité à la plupart des critiques.