Bravo Marielle, belles séries pour l'architecture comme pour la corrida. D'autant que la tache est difficile, je pense en particulier à la série de Grenade, peu de temps pour prendre les photos et du monde !
Il se trouve que j'ai eu la possibilité d'assister en 2004 et 2005 à une corrida dans le cadre de la Feria de Nîmes dans des conditions tout à fait exceptionnelles, c'est à dire après avoir été brieffé pendant une après-midi par un professeur d'anatomie de Montpellier, un vétérinaire spécialiste des taureaux de combat, un torero "retraité" et enfin par un organisateur de corridas. Chacun d'entre eux ayant exposé pendant le début de l'après-midi ses travaux et/ou son expérience personnelle de la tauromachie et des corridas. Inutile de dire que lors de ma première corrida, ma vision était différente de celle qu'elle aurait été si j'avais été "innocent".
Impossible de résumer ici environ 7 h de conférences et de discussions. Je voudrais simplement transmettre ici ce que j'ai retenu comme le plus éclairant.
D'abord et avant tout le taureau de combat est très différent des autres bovins, il est très proche de ce qu'étaient les bovins primitifs, c'est un animal sauvage dont la physiologie musculaire est différente des autres bovins, il possède des fibres musculaires ayant un métabolisme tout à fait particulier qui en font un sprinter et pas un coureur de fond (sans détailler, ses fibres ne sont pas non plus des fibres à métabolisme strictement aérobie, c'est tout à fait particulier).
La vision de ce taureau est aussi particulière, panoramique bien qu'il ait des yeux latéraux et qu'il devrait avoir une vision indépendante pour chaque oeil, son cerveau occipital recrée une image unique, MAIS il a un gros trou en face et en bas, c'est pour cela qu'il baisse la tête pour charger la cape, et tout l'art du matador est de lui faire baisser la tête suffisamment mais pas trop non plus, en particulier pour la mise à mort sinon le taureau va le voir alors qu'à ce moment là, si la matador est bien placé, le taureau ne le voit pas !
Probablement tu as du remarquer que les taureaux avaient tendance à plier les genoux et tomber sur leurs antérieurs, ceci est la conséquence de l'alimentation, en effet la sécheresse du Sud de l'Espagne fait que ces bêtes sont supplémentées en aliment faute de foin suffisant, et apparemment il y a un pb, ils sont trop lourds sur leur avant-train, leur musculature ne leur permet plus de les porter au bout d'un temps d'effort prolongé.
Enfin, la bosse dans laquelle le Picador plante sa pique, est essentiellement faite de graisse et n'est que très peu innervée, cela ne lui fait pratiquement pas mal, ce qui explique qu'il continue à pousser comme le sauvage qu'il est contre la résistance du cavalier et de sa monture. Pour le saignement provoqué par les banderilles, idem, lorsque c'est bien fait, c'est à dire un saignement qui arrive juste à mouiller le sabot représente environ 5 litres. Ces bêtes en disposent de 50.. soit un prélèvement comparable à celui d'un don du sang pour nous. Sauf que lui n'a pas droit au sandwich, et que, moins émotif, il ne tombe pas dans les pommes.
Pour revenir à la photo, je voulais essayer de traduire le mouvement et jouer aussi sur les couleurs, ci-dessous quelques exemples des clichés de 2005. Mais comme je triche puisqu'il s'agit de numérique, je ne me suis pas étendu.. ( zoom 70/200 calé à 200 avec X 1,4 soit 280 mm, boitier motorisé pour éviter de me mettre le levier d'armement dans l'oeil
)
En tous cas, félicitations pour ta série car tu présentes remarquablement le déroulement de la corrida, les spectateurs, l'ambiance, on entend presque la foule crier et applaudir. Si le toreador a eu droit à 2 oreilles, ce qui est déjà rare, tu mérites la récompense suprême, les 2 oreilles et la queue (honni soit..
).
A +
Ric