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Fièvre des enchères...

Effectivement, Hérisson, cette "auction" en cours confirme l'ordre de grandeur de valeur que je viens d'écrire : ce Leica IIIg, appartenant à la "première fournée" canadienne de 1956 (commercialisée l'année suivante) - en vente sur Ebay depuis l'Australie - a atteint 1025 $ après 34 enchères, à 2 heures et 5 minutes de la fin (ce beau boîtier n'est pas encore "très cher" :o ). Il est possible que les enchères s'enflamment dans les dernières minutes...

Jean D.
par Jean D.
jeudi 15 juillet 2004 - 23:56
 
Forum: Leica M : divers
Sujet: Leica IIIf ?
Réponses: 33
Vus: 12168

Subtilité de l’attrait ressenti pour tel ou tel modèle…

Mais oui, Ekreviss, j’ai bien perçu ainsi votre taquinerie :wink: , et merci à tous pour vos appréciations de ma synthèse des Leica à pas de vis !

Ekreviss a écrit :
Et je ne crois pas que la finalité d'un site comme celui-ci soit la description des différents modèles. Sinon Gautier aurait intégré une rubrique prévue à cet effet.

Mektoub a écrit :
(…) je pense qu'un forum est avant tout un lieu de partage, d'informations et d'images (…)

Je suppose que Gautier n’a pas vraiment prévu de règle stricte des sujets de discussion ; il a probablement simplement espéré offrir aux membres de "Summilux" un lieu d’échange particulièrement libre et vivant, courtois et amical, même parfois drôle ce qui ne gâte rien...

Mektoub a écrit :
Ce que j'ai aussi lu, c'est qu'à partir du IIIc, la construction est "meilleure" sans avoir plus de détails sur le fond

« Meilleure » ? Difficile à dire… L’obturateur des ancêtres "claque" certes un peu, mais la fabrication a toujours été de haute qualité. Les modèles très anciens laqués noir sont très attirants, sur le plan esthétique, avec leurs boutons nickelés et non chromés (je pense à celui simplement nommé Leica III, fabriqué entre 1933 et 1939).

villegas juan carlos a écrit :
...j'en déduis (après avoir lu votre post), que le IIIg doit être un appareil très tentant...

Oui, le Leica IIIg est terriblement séduisant… C’est un appareil très recherché, qui vaut actuellement dans les 1200 € en très bon état, boîtier nu. Son prédécesseur le Leica IIIf est, à mon avis, également très tentant… Peut-être parce qu’intellectuellement on sait que la mécanique est encore améliorée (axes sur roulements à billes) ; probablement aussi en raison de l’aspect du "nouveau" barillet des vitesses ? C’est subtil, l’attrait ressenti pour tel ou tel modèle…

Lison a écrit :
Nostalgie : le IIIg, a été mon premier Leica, en 1958.
Mais il faut être un "crustacé d'eau douce" :wink: pour prendre son pied avec un appareil qui a deux œilletons l'un pour cadrer, l'autre pour faire la MAP.

(<< Etre un "crustacé d'eau douce" >> : une délicieuse expression belge ? :wink: )
Oh… Les deux œilletons, on s’y fait… Mon premier Leica, vers 1970 (avant, j’utilisais d’autres appareils, notamment reflex), ce fut un Leica If (donc, sans viseur ni télémètre) que j’équipai d’un Elmar f:3,5/35 mm et du magnifique viseur annexe correspondant. Ensuite, j’ai déniché un dispositif Leicavit (pour 80 francs, cela s’arrache sur Ebay autour de 600 $ actuellement !). L’ensemble - assez rare - était d’une beauté sublime, très petit et discret, très efficace… Lison, avec cet appareil, j’avais éliminé l’inconvénient des deux œilletons ! :wink: Pas pour longtemps, car ensuite j’ai acheté un deuxième Leica, un IIIf "échelle rouge" avec retardement…

Sur l'avatar d'Ekreviss - apparaissant tout petit sur l'écran de mon iBook - je crois distinguer :o un Leica IIIa portant un viseur universel (code VIOOH), l'objectif est probablement un Summitar f:2/50 mm, mais peut-être me trompé-je...

Bien à vous,

Jean D.
par Jean D.
jeudi 15 juillet 2004 - 23:07
 
Forum: Leica M : divers
Sujet: Leica IIIf ?
Réponses: 33
Vus: 12168

Seulement les différences essentielles !

Bonjour !

Merci du compliment, mais pas d'accord : il n'est pas très facile de se retrouver dans l'arbre généalogique assez complexe du Leica...
Impossible de grimper dans ses branches << en un tour de clic ! >> et la lecture de l' << abondante littérature >> prend du temps, surtout pour les membres de "Summilux" qui ne la possèdent pas, ou qui ne maîtrisent pas les langues de Shakespeare et de Goethe... Il m'a paru utile de rendre ce petit service en rédigeant cette synthèse, qui ne m'a pris qu'une heure de mon 14 Juillet ; en outre, cela m'a fait plaisir !
Ekreviss a écrit :
(Sauf qu'il y a trois modèles de IIIc et deux de IIIf... :mrgreen: oups, pardon !)

Ekreviss : en effet, mais j'avais écrit que j'allais mentionner les différences essentielles ; si vous le désirez j'en "rajoute une couche" à propos des variations apparues chez ces modèles Leica IIIc et IIIf :wink: !

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
jeudi 15 juillet 2004 - 10:05
 
Forum: Leica M : divers
Sujet: Leica IIIf ?
Réponses: 33
Vus: 12168

Leica à pas de vis

Merci à Juan Carlos pour cette publicité dans une revue uruguayenne de 1952 !
Les deux objectifs sont le Summaron f:3,5/35 mm et le Summar f:2/50 mm.

mektoub a écrit :
Peut-être un bon sujet pour Jean D., s'il a le temps un de ces jours :wink:

Bonjour !

Avec plaisir, Mektoub... Voici un vaste sujet sur lequel existe une littérature abondante, mais très sommaire en langue française.

Je conseille notamment l’excellent livre de Gianni Rogliatti intitulé "Leica, the first 70 years" (en anglais), éditeur "Hove camera Foto Books".
D’autre part, le site suivant détaille les modèles de Leica (en allemand) : http://www.lausch.com/leicaeinleitung.htm
Ce site mérite également d’être consulté (en anglais) : http://nemeng.com/leica/index.shtml

Je résumerai ci-dessous les principales caractéristiques des Leica à objectif à pas de vis (le pas est de 1mm, diamètre 39 mm) :

Principe de base : visée télémétrique ; base télémétrique beaucoup plus étroite (38 mm) que celle du Leica "M" (69,25 mm). Le viseur n’est pas collimaté, ni corrigé de la parallaxe : il procure le champ de la distance focale 50 mm, relativement mal délimité ; je recommande l’excellent viseur annexe (grandeur naturelle, code SBOOI = n° 12015) ; pour les autres distances focales, il faut avoir recours à un viseur universel, ou (mieux) aux viseurs annexes respectifs. Exception : le Leica IIIg, voir plus bas.
Les œilletons du viseur et du télémètre sont distincts et jumelés (= l’un à côté de l’autre) : on ne voit pas l’image télémétrique au centre du viseur (comme on la voit sur un Leica "M"), mais à travers un œilleton juxtaposé.
Dans une même gamme, il existe un modèle sans viseur pour certaines applications spéciales, par exemple utilisation avec chambre reflex (microscopie, macro-photographie, longues focales…) ; un tel modèle peut très bien être utilisé en photographie courante, par exemple avec un objectif de distance focale 35 mm et le remarquable viseur annexe (code SBLOO = n° 12010). L’appellation de ce modèle sans viseur est "I" (c’est-à-dire "1") : par exemple, le Leica If est le modèle sans viseur de la gamme "f", dont le Leica IIIf est l’emblème…

Obturateur : dit "focal", c’est-à-dire à rideau, dont les vitesses s’étagent généralement de la pause "B" au 1/1000ème de seconde (le barillet des vitesses tourne lors de l’armement, puis lors du déclenchement de l’obturateur) ; les vitesses lentes se commandent au moyen d’un bouton annexe, qui comporte aussi la pause "T" ( :wink: abandonnée sur le Leica "M" !) ; ce bouton annexe n’existe pas sur les versions "I" et "II". L’armement de l’obturateur et l’entraînement du film se font par la rotation d’un gros bouton moleté, à la base duquel se trouve le compteur de vues (disque concentrique). Le retardement n’existe pas sur tous les modèles.

Synchronisation pour flash : complexe, en raison de la conception de l’obturateur et de la coexistence des flashes magnésiques et électroniques ; mais peu importe, un Leica n’est pas fait pour utiliser un flash (opinion personnelle) :wink: ! Cette synchronisation n’existe qu’à partir du Leica IIIf.

Objectifs disponibles : très nombreux, depuis le Super-Angulon f :4/21 mm jusqu’au Telyt f:5/400 mm (utilisation sans ou avec chambre reflex – de divers types - pour les distances focales "moyennes", et bien sûr exclusivement avec chambre reflex pour les longues distances focales).

Chargement du film : uniquement accessible par le fond (pas de volet, contrairement au Leica "M").

Voici les différences essentielles entre les modèles successifs :

Je me limiterai en commençant au Leica IIIa (1935) : capot en laiton embouti, en deux parties, œilletons du viseur et du télémètre assez espacés.

Leica IIIb (1938) : œilletons du viseur et du télémètre étroitement juxtaposés ; le bouton de correction dioptrique (adaptation à la vision de chaque utilisateur) quitte l’oculaire du viseur pour devenir concentrique au bouton de rembobinage.

Leica IIIc (1940) : capot en laiton moulé, en une seule partie, plus long de 3 mm (la longueur atteint 136 mm). Viseur mieux délimité. Amélioration importante : les principaux axes sont montés sur roulements à billes.

Leica IIId (1940, rarissime) : comme le Leica IIIc, mais avec retardement.

Leica IIIe : ce modèle n'existe pas ! :wink:

Leica IIIf (1950) : ajout de la synchronisation pour flash… "Echelle noire", puis (1952) "échelle rouge" sur une bague de synchronisation concentrique au barillet des vitesses ; cette bague porte des chiffres de 0 à 20, selon le type de flash utilisé. Certains Leica IIIf possèdent le retardement.

Leica IIIg (1957, apparu trois ans après le Leica M3) : capot d’aspect différent en raison du nouveau viseur, qui est collimaté (grandissement x 0,5), corrigé de la parallaxe et offre simultanément le champ des focales 50 et 90 mm ; une petite fenêtre d’illumination des cadres apparaît en façade. Les vitesses deviennent en progression géométrique (standard actuel). Tous les Leica IIIg possèdent le retardement.

Voilà, j’espère avoir clairement résumé les différences entre ces modèles !

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
mercredi 14 juillet 2004 - 20:59
 
Forum: Leica M : divers
Sujet: Leica IIIf ?
Réponses: 33
Vus: 12168

Aller au message

Bonjour ! Je suppose qu'il s'agit d'un Elmar f:3,5/50 mm ? (car il en a existé d'autres)
Dans le cas de cet objectif "standard" du Leica, la numérotation n'a commencé à être gravée que lorsque la production a atteint environ 85000 unités ; l'Elmar en question, non numéroté, appartient donc à cette première fournée d'objectifs "anonymes" (la production totale a atteint environ 379000 objectifs, entre 1926 et 1962).

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
dimanche 11 juillet 2004 - 14:25
 
Forum: Leica à vis
Sujet: Elmar sans numero
Réponses: 4
Vus: 2834

J'en rajoute une couche...

Lison a écrit :
(il y en a encore qui vont dire que l'on sort du sujet initial et de la rubrique) :lol:

Bonjour ! Je vous propose d'y revenir...
Au lendemain de cette agréable soirée chez Hérisson… :wink:
http://www.summilux.net/forums/viewtopic.php?t=1379
je reprends cette fructueuse discussion sur la parallaxe et vous remercie pour vos appréciations…

Petit retour en arrière :
Lison a écrit :
Mais, quel message du 6 juillet 11 h 33 ?

Lison, je répondais que j’étais d’accord avec votre message posté le 6 Juillet à 11 h 33 (comme vous ne l’aviez pas intitulé, j’ai eu recours à cette datation pour le désigner parmi vos autres messages ; celui-ci figure sur la page 2 du présent fil).

Lison a écrit :
À lire les explications de Jean D. à propos de la "correction" de paralaxe, il m'est venu cette petite idée : cette correction devrait être plus ou moins efficace selon la focale utilisée et en rapport avec le grossissement du viseur.

Lison, la correction de parallaxe n’a pas à « être plus ou moins efficace selon la focale utilisée » : elle doit simplement être effective, quelle que soit la distance focale de l’objectif utilisé ; on conçoit aisément que l’erreur de parallaxe diminue avec l’allongement de la distance focale et l’éloignement du sujet. Quelle que soit la distance focale, le viseur télémétrique des Leica IIIg (pour 50 et 90 mm) et "M" (diverses distances focales, selon les modèles) corrige la parallaxe de la même façon, car :
- Tous les cadres sont concentriques et solidaires entre eux (même s’ils n’apparaissent pas tous simultanément), portés par un même berceau qui se déplace en fonction de l’action du télémètre.
- Il est normal qu’il en soit ainsi (c'est-à-dire simplement effective, quelle que soit la distance focale de l’objectif utilisé)… Il faut concevoir la correction automatique de la parallaxe comme la modification angulaire, progressive et continue, de la droite constituant le point de vue du viseur, en fonction de la mise au point réalisée par le télémètre, depuis la distance la plus rapprochée (où son inclinaison est forte) jusqu’à l’infini (où son inclinaison est nulle car elle est devenue parallèle à l’axe optique de l’objectif). Cette droite, constituant le point de vue du viseur, coupe une autre droite qui est le point de vue de l’objectif (= son axe optique, perpendiculaire au plan du film au milieu de l’image). La distance entre le plan du film et le point d’intersection de ces deux droites est la distance de la mise au point. Le cadre collimaté correspondant à la distance focale de l’objectif utilisé apparaît dans un plan perpendiculaire à la droite constituant le point de vue du viseur, centré sur ce point d’intersection (ce plan peut être confondu avec le plan perpendiculaire à l’axe optique dès que la distance de la mise au point devient assez grande ; dans la pratique, il est confondu).
Quant à la << correction de parallaxe en rapport avec le grossissement du viseur >>, Lison, ce sont deux notions indépendantes : la parallaxe est corrigée automatiquement par le viseur du Leica, de la même façon quel que soit son grandissement, il n’y a aucune raison qu’il en soit autrement.

Phipessac a écrit :
Lison, ton hypothèse expliquerait peut-être les louanges que l'on peut lire sur la qualité de visée du couple M3 + Summicron 50

Philippe, je pense que ces louanges tiennent surtout au caractère du viseur du Leica M3, dont le grandissement (0,91) est extrême par rapport à ceux des autres modèles de Leica ; ainsi le M3 procure une image confortable, proche de la vision en grandeur naturelle, et l’image fournie par son cadre de base, correspondant à un objectif de distance focale 50 mm, paraît vraiment très grande, très agréable...

Lison a écrit :
Indépendamment de toute préférence, il est clair que l'outil influence la pratique. Mais ce qui compte, c'est la MAÎTRISE de cet outil.

Absolument !

Lison a écrit :
le viseur clair qui correspondrait à la photo spontanée (candid shot ?) n'exclut nullement la précision du cadrage (cf. Le Querrec, Sieff, etc.)

C’est tout à fait vrai : cela démontre - s’il en était besoin - que le viseur télémétrique du Leica, d’une grande complexité, constitue un prodige de précision, particulièrement en ce qui concerne la correction de la parallaxe…

Lison a écrit :
une comparaison qui risque de ne pas plaire : entre reflex automatisé et Leica, ce serait comme choisir entre pistolet mitrailleur, pour son efficacité, et l'arc, pour la beauté du geste.

Cette comparaison frise la provocation, mais elle est juste et souvent vérifiée dans la pratique…
A propos de beauté du geste du tir à l’arc, vous verrez plus bas ! :wink:

Lison a écrit :
Remarque : souvenons nous qu'avant l'arrivée des automatismes, la repro et la macro pouvaient se pratiquer avec un viseur clair (accessoires de MAP rapprochée pour DIN A4, 5 et 6, NOOKY, SOOKY, SOMKY, BEHOO, BEOON, BELUN, etc… VISOFLEX … et maintenant Macro-Elmar

Mais bien sûr, et ça fonctionnait très bien ! Et ça fonctionne toujours car ce matériel ancien est indestructible. Comme je le soulignais dans mon message précédent, le principe du Macro-Elmar f:4/90 mm et de son Macro-adapter M constitue une étonnante résurgence du vénérable et excellent Summicron f:2/50 mm à mise au point rapprochée de 1956 !

Enfin, dans mon roman-fleuve du 7 Juillet…
Jean D. a écrit :
Dans la pratique cette différence de perspective est négligeable ; elle devient sensible dans les plans rapprochés, avec un objectif grand-angulaire. Ainsi un objet rapproché situé à l’intérieur du cadre, mais très près de celui-ci, peut-il être "coupé en deux" par le cadre, ou même en être éliminé. Cette différence de perspective devient parfois difficile à contrôler à travers un viseur grand-angulaire externe, car son point de vue est davantage éloigné de celui de l'objectif et d’autant que la correction de parallaxe est alors inexistante.

Philippe m’a renvoyé la balle :
Phipessac a écrit :
Il faut donc faire bien attention pour certains cadrages au M avec un Super-Angulon par exemple ?

En effet, avec celui-ci comme avec les autres objectifs très grands-angulaires…
Je vais illustrer ceci par deux photos d’une statue en bronze d’une Amazone, œuvre du sculpteur P. Vigouroux, pour lesquelles j’ai utilisé le Super-Angulon f:3,4/21 mm (la mise au point est faite sur l’épaule de la statue, à 1,2 mètre) :

Première image :



Dans le viseur externe, l’image paraissait parfaitement composée, mais hélas la main droite de la fière Amazone se révèle pourtant coupée par le cadre ! Cas typique d’erreur de parallaxe extrême, difficile à apprécier, induite par le cumul de ces paramètres :
- un objectif très grand-angulaire,
- un viseur externe (et donc l’absence de correction de parallaxe),
- une partie du sujet (en l’occurrence cette main) proche du cadre,
- cette partie du sujet située dans un plan très différent du reste (à environ 0,4 mètre du plan du film).

Deuxième image :



Pour obtenir cette deuxième image, dont le cadrage correspond à ce que je souhaitais, j’ai dû volontairement décaler le sujet dans le viseur, de façon importante et assez empirique…
Voici un exemple de difficulté d’évaluation de l’erreur de parallaxe au Leica, mais il s’agit vraiment d’un cas limite !

Ces deux images proviennent d’une série que je constitue sur la statuaire du Jardin des Plantes, à Paris, et sur d’autres aspects de ce lieu...
J’espère la présenter un jour sur "Summilux" : tenir des discours théoriques, c’est bien, mais faire des photos, c’est mieux ! :wink:
Données techniques : Leica M2, Super-Angulon f:3,4/21 mm, Tri-X (développé à l’Ultrafin), 1/125ème de seconde à f :8 ; Dimanche 4 Juillet.
Je remercie Denis ainsi que Phipessac, mon prof de scan !

Enfin - trait d’humour et message de paix - voici une image qui ne pose aucun problème de parallaxe ni de perspective, car le sujet est situé à l’infini !



Ce petit nuage passait devant le soleil qui irradiait le ciel du Pays du Cèdre, Samedi 19 Juin vers midi (j’étais alors en mission au Liban) ; le petit point, en haut tout à droite (près du cadre), est un oiseau, volant loin dans l’azur…

Bien à vous toutes et tous,

Jean D.
par Jean D.
dimanche 11 juillet 2004 - 13:57
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Les cadres du M
Réponses: 77
Vus: 30214

Roman-fleuve sur la parallaxe et sur la perspective

(oui, Philippe, je vois de quoi tu parles !)

Bonjour ! Je donnerai tout d’abord mon point de vue sur diverses interventions, citées dans l’ordre, car vous avez été prolixes et ce débat est vraiment intéréssant ! J’aborderai à la fin le sujet correction de parallaxe ne signifie pas correction de perspective.

phipessac a écrit :
Oula, il promet ce match Jean D. - Lison !

villegas juan carlos a écrit :
Après avoir lu tous les messages, je me pose une question ; sur quoi ils sont en désaccord, Jean D. et Lison ?

Philippe et Juan carlos, je ne pense pas qu’un "match Jean D. - Lison" se noue, je ne pense pas que nous soyons en désaccord, nous avons probablement le même point de vue (c’est le cas de le dire :wink:). J’ai lu avec intérêt le fil de Lison sur le sujet complexe de la perspective, ses dessins sont remarquables !

phipessac a écrit :
si la perspective ne dépend que du point de vue comme le dit Lison (et je veux bien le croire), alors effectivement il y a un petit problème avec le viseur du Leica M qui ne se trouve pas dans l'axe de l'optique : on voit la scène à travers ce viseur d'un point de vue différent de celui de l'objectif (et donc du film). Ceci donne donc raison à Jean D., et confirme la supériorité de la visée reflex qui correspond effectivement elle bien au même point de vue, donc à une même perspective.

Philippe : << ceci donne donc raison à Jean D. >> (mais Lison est certainement également d’accord) << et confirme la supériorité de la visée reflex >>, oui, supériorité théorique sur ce point précis, négligeable dans la plupart des cas de la pratique… Mais, comme je l’écrivais précédemment, vouloir opposer le Leica aux appareils reflex n’a aucun sens, en particulier sur le plan de la visée : ce sont deux conceptions distinctes de l’aménagement d’une chambre noire. On peut comparer un Nikon à un Canon ou à un Leicaflex, mais aucun de ces trois-ci à un Leica… Ce n’est ni "mieux", ni "moins bien", c’est totalement différent et repose sur un choix très personnel ; dans les deux cas cela sert à pratiquer la photographie, c’est tout.

phipessac a écrit :
il me semble que cette "erreur de perspective" au M dépende de la distance au sujet et de la focale. Genre d'autant plus grande que le sujet est proche et que la focale augmente. Suis-je dans le vrai ?

Exactement, Philippe, mais ce phénomène optique auquel je suppose tu fais allusion, sensible au Leica "M" dans certains cas "extrêmes", doit être nommé "erreur de parallaxe" et non "erreur de perspective" ; il augmente, en effet, avec la proximité du sujet et l'allongement de la distance focale. Dans ces cas "extrêmes", ce phénomène entraîne une différence de perspective (qui n'est pas une "erreur") entre l'image de visée et l'image qui impressionne le film, nous en reparlerons plus loin.

alain.besancon a écrit :
Non, je ne vois pas une visée réflexe tunellisée donner le relief, mais la PDC plus ou moins visible contribue à l'illusion.

La visée reflex ne peut donner le relief car elle est monoculaire. La sensation réelle du relief requiert la stéréoscopie, c’est-à-dire l’usage des deux yeux. Fermez un œil : vous ne voyez plus le relief ; vous avez l’impression de voir en relief, mais c’est une illusion due au fait que vous SAVEZ identifier les positions respectives des plans qui s’étagent devant vous (vous SAVEZ que la chaise est devant la table, elle-même devant la fenêtre). Pour la même raison, l’impression de vision en relief que l’on peut éprouver à travers un viseur reflex est une illusion ; en effet, << la PDC plus ou moins visible contribue à l'illusion >>. Un viseur de Leica ne procure pas davantage une vision en relief, car il n'offre également pas une vision stéréoscopique ; il est fréquent de garder les deux yeux ouverts en visant au Leica, mais la vision n’en est pas pour autant stéréoscopique, car le grandissement du viseur n’est pas égal à 1 (le seul viseur permettant une réelle vision stéréoscopique est le superbe viseur annexe à miroir n° 12015, donnant le cadre 50 mm, procurant une splendide image en grandeur naturelle).

alain.besancon a écrit :
Qu'il y ait une explication "optique", rationnelle de l'une ou l'autre théorie, admettons mais je croirais plus en une explication quasi "culturelle" ou la part de subjectivité, lourde au départ influe peut-être objectivement: le M ne coupe pas de son sujet comme un reflex = on est derrière l'appareil ET un peu dans la scène ... 1° approche de la dimension profondeur

Alain, votre interprétation - quasi psychanalytique - de la visée au Leica "M" est vraiment intéressante : il y a certainement (inconsciemment ?) de ça !

Filament a écrit :
Justement, la correction de la parallaxe, n'est-ce pas pour que dans le viseur on regarde ce qui sera sur le film

Tout à fait, et dans le cas général ça marche ; je développerai ce point plus loin.

villegas juan carlos a écrit :
Le bouquin de Mannheim (Leica M6) parle de cette "différence de perspective résiduelle, entre le viseur et l'objectif, elle n'est significative que pour les prises de très près..."

Je suppose que Mannheim fait allusion à l’effet "bague allonge" (importante modification du tirage optique) : c’est encore un autre phénomène, qui n’a aucun rapport et qu’il vaut mieux ne pas aborder ici pour éviter d’embrouiller le sujet…

villegas juan carlos a écrit :
J'ai lu quelque part (je cherche à me rappeler où, et qui l'a dit) que l'on pourrait faire une sorte d'analogie entre la sculpture, et la visée d'un Leica R. Avec un R, on découpe dans la réalité une image. C'est un acte précis, net... il a un côté plutôt incisif.
Tandis que le viseur d'un M (plus imprécis) nous ouvre les portes de la peinture. On reçoit toute la beauté de la lumière... et il est doux comme un pinceau...

Subtile image, mais qui se discute : le viseur d'un "M" est "plus imprécis" mais il est en même temps plus "acéré", en prise très directe avec le sujet… C’est vrai qu’"on reçoit toute la beauté de la lumière", peut-être parce qu’elle n’est pas passée par la chambre noire ; c’est bien sûr une boutade, mais pas tant que ça : une vision plane sur dépoli, d’aussi bonne qualité soit-il, n’a guère de brillance…

villegas juan carlos a écrit :
Moi, j'aime les deux visées :wink:

Moi aussi, Juan Carlos : je possède une chambre Visoflex ! :wink:
Je me souviens à quel point le Nikon F me fascina lors de sa sortie ; je l’admirais avant que Michelangelo Antonioni ne l’élève au rang de mythe dans "Blow Up" (1966)… J’ai possédé plusieurs appareils reflex, dont un Icarex 35 de Carl Zeiss ; j’appréciais l’interchangeabilité du viseur et du dépoli (l’un des trois viseurs est d’inspiration "Photomic", avec posemètre TTL au CdS).

Lison a écrit :
phipessac, je pense que l'écart entre le point de vue (PdV) du viseur et celui de l'objectif (pupille d'entrée), est négligeable, car il n'entraîne aucune différence VISIBLE.

En effet, cet écart est faible : dans la plupart des cas cela n’entraîne aucune différence.

Lison a écrit :
Enfin, plus polémique, quand Jean D écrit "En toute rigueur, l’image observée dans le viseur d’un Leica ne rend pas exactement compte de la perspective qui est transmise par l’objectif …", tout dépend de ce que l'on entend par "rigueur" et par "exactement".

Vous me taquinez à propos du vocabulaire, Lison, mais vous comprenez très bien ce que je veux dire ! Je persiste et signe : pas exactement compte ! Par ailleurs je suis absolument d’accord avec votre message "Posté le: 06 Juil 2004 11:33" (je le désigne ainsi !).

phipessac a écrit :
Si les cadres du viseur des boîtiers M se déplacent pour corriger la parallaxe, pourquoi faut-il en plus parler de "correction de perspective" comme le fait Jean D. ? Quelle serait alors cette erreur de perspective ?

(Philippe : « les cadres du viseur des boîtiers M »… et aussi le cadre du viseur du Leica IIIg :wink: )
Je ne parle pas de "correction de perspective", parce qu’il n’est pas question de la corriger. J’ai écrit que "correction de parallaxe ne signifie pas correction de perspective" : je m’expliquerai plus bas…

villegas juan carlos a écrit :
Philippe, d'après ce que j'ai cru comprendre l'erreur de parallaxe se produit quand l'objectif et le viseur ne reçoivent pas la même image.
Plus un viseur est éloigné du film + erreur de parallaxe ! Ex. le viseur d'un M (au dessus de l'appareil) ou celui d'un rollei bi-obj.
Alors, je "pense" que l'obj et le viseur ont une image avec une "perspective différente". Mais cette erreur est minime, et elle est d'ailleurs corrigée sur un M. (seulement pour les prises de vues de très près).

Exactement ! Voici pourquoi les Leica IIIg et "M", et le Rolleiflex 6x6, possèdent chacun un dispositif corrigeant automatiquement la parallaxe, déplaçant le cadre en fonction de la mise au point. Juan Carlos, cette différence de perspective, il ne s’agit pas d’une "erreur", mais d’une différence, et elle n’est pas corrigée sur un "M" (c’est la parallaxe, qui est corrigée).

Lison a écrit :
Exemple : la convergence des verticales peut être "évitée" par un décentrement, mais non "corrigée" puisqu'il ne s'agit pas d'une "erreur", mais d'une application stricte des lois projectives.

C’est absolument exact et excellemment formulé !

Lison a écrit :
Le point de vue de l'objectif, c'est la pupille d'entrée (voir fin du fil / la Perspective), mais j'ignore où se trouve celui du, très complexe, viseur du M.
Quoiqu'il en soit, l'écart entre les deux ne peut être très important et est donc "négligeable" en prise de vue générale.

Le point de vue du viseur d’un Leica "M" est évidemment situé sur l’axe de visée, probablement au centre de la face réfléchissante du prisme diviseur : c’est à cet endroit capital que l’axe optique du télémètre vient se confondre avec l’axe de visée. Je suis d’accord avec votre deuxième phrase : << "négligeable" en prise de vue générale >>.

phipessac a écrit :
En résumé, corriger la perspective n'a pas grand sens car celle-ci est de toute façon intrinsèque à l'image.

Exactement, Philippe ! De toutes façons, la perspective, par sa nature même n’a pas à être corrigée (ce n’est pas une "erreur", comme le signale Lison) ; en revanche, le photographe peut en tenir compte et la "façonner" en modifiant son point de vue.

phipessac a écrit :
Par contre, la correction de parallaxe est nécessaire sur un M pour cause de viseur spécifique : ladite correction n'est pas parfaite, mais suffit largement pour exercer son art photographique en toute quiétude (sauf macro, mais quelle idée d'utiliser un M pour cela !).

<< Ladite correction n'est pas parfaite >> : elle demeure quand même excellente, étant donné la complexité du problème à résoudre, et – dans la pratique – cette petite imperfection résiduelle reste négligeable, comme tu le penses.
<< Sauf macro, mais quelle idée d'utiliser un M pour cela ! >> : j’en connais qui le font, "à l’ancienne" ! Visoflex et soufflet, Summicron f :2/50 mm à mise au point rapprochée… A propos, le Macro-Elmar f :4/90 mm et son Macro-adapter M, n’est-il pas d’un principe analogue à ce vénérable et excellent Summicron ? Retour aux sources ? :wink:

phipessac a écrit :
Il me semble que la clarté d'un viseur M et la possibilité de surveiller ce qui se passe hors champ compense facilement cette petite imprécision.

Tu as parfaitement raison, Philippe : voici l’un des éléments de la séduction qu’exerce le Leica.

J’aborde enfin le sujet correction de parallaxe ne signifie pas correction de perspective, après avoir commenté ces nombreuses citations car ce débat passionnant a été nourri… Encore une, pour la bonne cause :

Lison a écrit :
Le terme "correction de perspective" ne devrait d’ailleurs JAMAIS être employé car, sauf en dessin, il ne peut y avoir "d'erreur" en perspective.

En effet ; mais je n’ai pas prétendu que la perspective puisse être corrigée, bien au contraire, car elle existe, telle quelle, et obéit à des lois géométriques.

J’illustrerai mon propos à l’aide de deux d’hypothèses d’école schématisant une situation réelle…
(mes regrets : je suis bon en dessin, mais au niveau scan j’ai tout à apprendre, aussi je ne puis vous offrir de beaux schémas comme l’a fait Lison)

Premier cas : photographie au Leica "M" d’un mur orné de divers motifs, l’axe optique de l’objectif étant perpendiculaire à ce mur. La correction de parallaxe a rempli son rôle : la photo est conforme à l’image qui avait été cadrée. Comme il s’agissait d’une surface plane, la photo restitue l’image d’un plan : cet exemple est le cas limite de l'absence de perspective. Cette photo serait identique si elle avait été prise avec un appareil reflex.

Deuxième cas : photographie au Leica "M" d’un sujet composé de nombreux objets situés dans certains plans différents (pour simplifier, parallèles entre eux, l’axe optique de l’objectif leur étant perpendiculaire). Le photographe choisit de faire la mise au point sur l’un des plans et compose son image dans le cadre ; ce faisant, il peut observer dans ce cadre les objets appartenant aux autres plans, l’ensemble s’étage selon une perspective. Surprise, lorsque ce photographe découvre la photo : si la composition du plan sur lequel il a fait la mise au point demeure fidèle, les objets des autres plans sont décalés par rapport à ce qu’il avait observé dans le viseur ! Ce décalage est d’ampleur variable selon les plans considérés.

Explication : le viseur collimaté projette dans l’espace un cadre correspondant au champ photographié ; le point de vue du viseur et celui de l’objectif convergent vers le centre de ce cadre, selon la distance évaluée par le télémètre. Les objets placés dans un plan situé à cette distance sont les seuls qui soient restitués fidèlement sur la photo. En somme, en avant comme en arrière du "plan de la mise au point" (perpendiculaire à l’axe optique de l’objectif), la composition de l’image de visée ne correspond pas exactement à celle transmise sur le film par l’objectif, tout simplement parce que le point de vue du viseur et celui de l’objectif n’y convergent pas (ils ne peuvent converger qu’en un seul point !). Cette "anomalie" (qui n’en est pas une) est inhérente au principe d’un viseur télémétrique ; le photographe peut ressentir une "erreur" de perspective, mais ce n’est pas une erreur ! La correction de parallaxe du Leica IIIg et "M" est seulement valable pour le plan sur lequel est faite la mise au point, et la perspective existe par elle-même, indépendante de la parallaxe : elle appartient à un autre monde que celui du plan de la mise au point et ne saurait elle-même être "corrigée" ! Ce "problème" ne concerne évidemment pas la visée reflex, qui procède d’un point de vue unique.

Dans la pratique cette différence de perspective est négligeable ; elle devient sensible dans les plans rapprochés, avec un objectif grand-angulaire. Ainsi un objet rapproché situé à l’intérieur du cadre, mais très près de celui-ci, peut-il être "coupé en deux" par le cadre, ou même en être éliminé. Cette différence de perspective devient parfois difficile à contrôler à travers un viseur grand-angulaire externe, car son point de vue est davantage éloigné de celui de l'objectif et d’autant que la correction de parallaxe est alors inexistante.

Je vous remercie tous de participer à cet intéressant débat (en particulier Lison, qui a su rappeler des notions essentielles touchant à la perspective et à sa perception culturelle). J’espère avoir été clair et que vous n'aurez pas été lassés par de trop abondants ou pointilleux commentaires ; j'espère aussi ne pas avoir trop encombré le forum avec ce long message…

Bien à vous,

Jean D.
par Jean D.
mercredi 7 juillet 2004 - 2:38
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Les cadres du M
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Correction de parallaxe et correction de perspective...

Bonjour !
Lison a écrit :
(intervention de Jean D. ci-dessus). Je remercie celui-ci pour ses compliments mais, une fois n'est pas coutume, je crois qu'il se trompe sur un point : (suit ici une citation partielle et tronquée de mon message de la page précédente)
Je m'étonne que notre "expert", incontestable, ait oublié que la conformation d'une perspective ne dépend QUE du point de vue.

Merci Lison pour votre appréciation, aimablement dithyrambique :wink: ! Voici l’intégralité de ce passage de mon message d’hier (j’ai indiqué en rouge une parenthèse essentielle, qui ne figure pas dans votre citation) :
En toute rigueur, l’image observée dans le viseur d’un Leica ne rend pas exactement compte de la perspective qui est transmise par l’objectif (correction de parallaxe ne signifie pas correction de perspective), contrairement à l’image observée dans le viseur d’un appareil reflex (ou dans celui de la chambre Visoflex :wink: ) ; ce point demeure assez négligeable, sauf pour les détails proches du cadre de sujets très proches, qu’il est difficile de maintenir dans le champ avec certitude, en particulier avec un objectif grand-angulaire.

Lison, je suis certainement d’accord avec vous et je ne pense pas me tromper (je connais la conformation d'une perspective), je l’expliquerai ultérieurement. Je regrette, mais je n’ai pas le temps aujourd’hui et, en outre, je veux étudier préalablement votre nouveau fil ("Perspective…") de la rubrique "Divers", qui me paraît extrêmement intéressant.

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
lundi 5 juillet 2004 - 17:43
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Les cadres du M
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Imprécision consciemment dominée et aléatoire discret

Bonjour ! Je viens de changer mon avatar, celui-ci est vraiment en rapport avec le sujet abordé : la visée télémétrique !

Merci à Lison pour cette citation d’un ancien numéro de Leica-Fotografie, et pour la superbe exécution de ses dessins !

phipessac a écrit :
dois-je comprendre que le cadrage avec un boîtier M est peu précis ? Je veux dire même avec des courtes focales ? Il me semblait que les cadres se déplacaient dans le viseur avec la distance de mise au point ?

Tout ceci est vrai, la visée télémétrique – même haut de gamme – demeure relativement imprécise sur le plan de l’exactitude absolue du cadrage ; cela est admis par Leitz, qui - en 1985 - l’entérine noir sur blanc dans sa revue ! En effet, cette relative imprécision est inhérente au principe même du viseur télémétrique, très complexe à réaliser : il faut simplement la prendre en compte, cela fait partie du concept.

Rappelons ceci :
1) L’image procurée par un viseur de Leica (IIIg et tous les "M") est corrigée automatiquement de la parallaxe.
2) Le cadre du Leica délimite un cadrage valable pour la distance sur laquelle la mise au point a été faite au moyen du télémètre. En toute rigueur, l’image observée dans le viseur d’un Leica ne rend pas exactement compte de la perspective qui est transmise par l’objectif (correction de parallaxe ne signifie pas correction de perspective), contrairement à l’image observée dans le viseur d’un appareil reflex (ou dans celui de la chambre Visoflex :wink: ) ; ce point demeure assez négligeable, sauf pour les détails proches du cadre de sujets très proches, qu’il est difficile de maintenir dans le champ avec certitude, en particulier avec un objectif grand-angulaire.

Personnellement j’admets une certaine dose d'imprécision consciemment dominée, je tolère une part d'aléatoire discret. J’aime la visée télémétrique, notamment en raison de l’impression de proximité accrue avec le sujet ; j’apprécie par dessus tout les viseurs des Leica M3 et M2 en raison de l’absence de cadres surnuméraires.

Filament a écrit :
ce qui fait parler de précision dans le cadrage avec un M, c'est que l'on voit ce qu'il y a autour de ce cadre

Filament a absolument raison ! Voici l’un des paramètres qui rend si agréable le Leica : on voit ce qui existe autour du cadre, c’est très agréable et cela favorise la modification de l'image, l'amélioration de sa composition, en y incluant plus facilement certains éléments aperçus à l’extérieur !

Un autre paramètre, c’est la luminosité incomparable d’un viseur de Leica : cadrer et utiliser le télémètre dans la pénombre ne posent pas de problème, voici pourquoi le Leica demeure insurpassable en lumière faible, d’autant que la précision du télémètre est époustouflante.

Un Leica ce n’est pas seulement un viseur télémétrique : c’est un ensemble de mécanismes, et des objectifs, qui se conjuguent au plus-que-parfait. C’est le silence et la beauté pure ; c’est luxe, calme et volupté. Mais vouloir opposer le Leica aux appareils reflex n’a aucun sens, en particulier sur le plan de la visée : ce sont deux conceptions distinctes de l’aménagement d’une chambre noire. A chacun de choisir en fonction de son style de photographie, de son attrait pour le raffinement mécanique et optique, et également de son sens de l’esthétique.

Bien à vous,

Jean D.
par Jean D.
dimanche 4 juillet 2004 - 2:20
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Les cadres du M
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Objectifs noirs et décalage horaire

C'est un plaisir, Camillou !
villegas juan carlos a écrit :
C'est à dire que depuis la guerre (et même avant), et jusqu'aux années soixante, leica n'a pas produit des objectifs "noirs" :?:

Non, Juan : Leitz produisit régulièrement des objectifs noirs, en fait pratiquement depuis l'origine du Leica ; simplement je ne les ai pas tous cités... Un simple exemple : les deux versions successives du splendide Telyt f:5/400 mm furent fabriquées entre 1935 et 1966.

Vous nous souhaitez une "bonne soirée" : merci ! Je constate que vous tenez compte du décalage horaire, depuis Buenos Aires ! :wink:

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
vendredi 2 juillet 2004 - 23:13
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Vous êtes plutôt noir ou chromé ?
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Ancienneté des objectifs noirs

Merci pour cette appréciation !
camillou a écrit :
Cependant une question me brûle les lèvres : De quelle année datent les premiers objectifs "noirs" et lequel a bénéficié en premier de ce traitement ? Le 'cron ?

Le Summicron ? Non : les objectifs noirs existèrent bien avant… Dès l’aube du Leica, peut-on dire, puisque l’Anastigmat f:3,5/50 mm, qui équipa les 31 prototypes du "Leica de Barnak", dits modèle "0" (= Nullserie), fabriqués en 1923 et 1924, fut laqué noir (voir ci-dessus l'avatar de Filament :wink: ) ; cet objectif, conçu par l’éminent opticien Max Berek vers 1920, prendra le nom d’Elmar lors du lancement du Leica en 1925, mais fut alors chromé ou nickelé.
Plusieurs objectifs laqués noir de la lignée Elmar apparurent au début des années 30 : Elmar f:4,5/135 mm et Elmar f:4/90 mm en 1931, Elmar f:6,3/105 mm en 1932 ; il y eut aussi, la même année, le très lumineux Hektor f:1,9/73 mm et l’Hektor f:4,5/135 mm. La bague des distances de ces objectifs constitue un anneau nickelé se détachant sur la laque noire.
Il faut noter qu’en revanche les divers objectifs grands-angulaires ou de distance focale 50 mm des années 30 (et largement postérieurs) ne furent jamais laqués noir, mais toujours chromés ou nickelés.
Anecdote : "Hektor" était le nom du chien de Max Berek !

Ce qui précède concerne les Leica à pas de vis ; aussi j'ajoute ceci, qui correspond peut-être davantage à la question de Camillou : en matière d'objectifs pour Leica "M", - à part de rarissimes versions spéciales laquées noir - les plus anciens objectifs noirs ("anodisés" noir) sont le Tele-Elmar f:4/135 mm (1965), le Noctilux f:1,2/50 mm (1966), le Summicron f:2/90 mm (vers 1967), le Summicron f:2/35 mm (deuxième version, "6 lentilles") et le Summicron f:2/50 mm (troisième version), ces deux derniers objectifs apparurent en 1969.

Bien à vous toutes et tous,

Jean D.
par Jean D.
vendredi 2 juillet 2004 - 20:49
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Vous êtes plutôt noir ou chromé ?
Réponses: 47
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Laiton, zinc, nickel et chrome

alain.besancon a écrit :
Par contre, mais je ne suis pas du tout affirmatif, sur les dernières séries, et principalement le MP, y a-t-il encore une différence?

Dans mon message ci-dessus je ne répondais qu'à la question initiale posée par notre interlocuteur o2c, concernant les objectifs, pas les boîtiers Leica. Les deux poids que j'ai indiqués à titre d'exemple sont ceux de deux objectifs actuels équivalents.

En ce qui concerne les boîtiers "M", effectivement - comme le signale Richard - les Leica M6J, MP et M7 sont en laiton, aussi bien noir que chromé (également le M6 "Millenium"). Dans leur cas, il s'est agi d'un retour à la tradition d'extrême qualité matérialisée par le recours au laiton, à l'instar des boîtiers à pas de vis et des M3, M2, M4, M5, M4-2 et premiers M4-P ; je précise qu'il ne s'agit toutefois que du capot et de la semelle (ou couvercle inférieur), car le carter est en fonte d'aluminium et le volet probablement aussi (j'appelle "carter" le "corps" de l'appareil, c'est-à-dire ce qui est recouvert de vulcanite). Le capot et la semelle des derniers M4-P et du M6 sont en zinc.

Juan Carlos Villegas a écrit :
Celui qui est vraiment lourd (par rapport au M6), c'est le M3...

Juan Carlos a parfaitement raison lorsqu'il compare les poids des Leica M3 et M6 : cela s'explique en grande partie par la différence de poids des capot et semelle respectifs ! Ressentir le poids d'un M3 entre les mains est une impression rudement agréable...

Dans le cas d'un boîtier en laiton chromé, le laiton est préalablement revêtu - par électrolyse - de nickel, puis de chrome (une couche de nickel se trouve donc sous la couche de chrome).
Dans le cas d'un boîtier M4 "chromé noir", M4-2, M4-P et M6 noirs, je suppose que le "chrome noir" (dont j'ignore la composition exacte) est directement déposé par électrolyse ("anodisation") sur le zinc, que l'on voit apparaître en blanc aux endroits soumis à l'abrasion.
Dans le cas d'un boîtier laqué noir (certains modèles à pas de vis, M3, M2, M4, M6 "Millenium" et MP), la laque est directement appliquée sur le laiton et cuite au four ; on devine le laiton apparaître en jaune aux endroits soumis à l'abrasion, en particulier aux arêtes (ce qui confère ce si bel aspect "brass" à un boîtier laqué noir "ayant vécu").

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
vendredi 2 juillet 2004 - 14:02
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Vous êtes plutôt noir ou chromé ?
Réponses: 47
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Re: Vous êtes plutôt noir ou chromé ?

o2c a écrit :
J'ai découvert a ma grande surprise les importants écarts de poids entre les optiques noir et chromé


Bonjour !

Cette différence de poids est en effet grande. Par exemple, en ce qui concerne le Summicron f:2/50 mm :
"Anodisé" noir (ou "chromé" noir) : 240 grammes.
Chromé : 335 grammes.

Cela est dû au fait que le revêtement noir ou chromé, selon le cas, doit être appliqué sur un métal distinct constituant le barillet et les différentes bagues de l'objectif. La différence de densité de chacun de ces deux métaux est importante, d'où la différence de poids. Dans le cas d'un objectif destiné à être chromé, je suppose qu'il s'agit de laiton, et dans le cas d'un objectif destiné à être "anodisé" noir, je suppose qu'il s'agit d'un alliage d'aluminium.

Bien à vous,

Jean D.
par Jean D.
vendredi 2 juillet 2004 - 8:55
 
Forum: Leica M : boîtiers
Sujet: Vous êtes plutôt noir ou chromé ?
Réponses: 47
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Leica If, Mercedes et 404

Rebonjour !

Merci, Richard, pour cette confirmation !

Effectivement, Alain... Mais ne vous pendez pas avec la courroie de votre "M" !
Je vous propose une excellente solution, c’est celle avec laquelle j’ai découvert le Leica à la fin des années 60 : procurez-vous un boîtier Leica If, si beau, si petit… Pas de problème, puisque cette jolie chambre noire - réduite à sa plus simple expression - ne comporte ni viseur, ni télémètre ! Vous visserez dessus un beau 35 mm, par exemple un Summaron, découvrirez l’art d’évaluer la distance, et observerez confortablement à travers le splendide viseur annexe (code SBLOO) que vous aurez glissé dans la griffe ! Magnifique ensemble hergestellt an Wetzlar ! :wink:

Quant au nom des voitures "Mercedes"… Ce prénom féminin d’origine espagnole signifie "grâce". C’était celui de la fille d’Emil Jellinek, née en 1889 ; son père – un homme d’affaires autrichien passionné par l’aube de l’automobile -, s’offrit une voiture Daimler en 1897. Emil Jellinek devint agent commercial de la marque, et participa à des courses automobiles (notamment à Nice) sous le pseudonyme du prénom de sa fille. Enfin en 1900 le prénom chéri fut accolé à celui du constructeur, la raison sociale de la firme devenant Daimler-Mercedes, puis Mercedes-Benz à l’arrivée de Karl Benz… Mais j’arrête là car ce forum traite du Leica, non ? Alors, j’ai dérapé hors sujet ! Bon, tant que j’y suis, et à propos de la fameuse 404 : j’ai possédé moi-même - pendant vingt ans - une 404, un break diesel U6D ! Elle est actuellement à l’abri chez un collectionneur…

Bien cordialement,

Jean D.
par Jean D.
mardi 29 juin 2004 - 16:39
 
Forum: Leica M : objectifs
Sujet: Infos sur le 90/2,8 ancienne version
Réponses: 59
Vus: 19297

Lentille compensatrice sur l'oculaire

Bonjour !

( :wink: Ah ah ! Le sujet était austère... alors vous galégez, maintenant ! :P )

Alain, Bernard (et les autres - comme moi - dont la vue baisse), vous paraissez vous torturer le cristallin derrière l'oculaire de votre Leica "M"... Je vous suggère de l'équiper d'une lentille compensatrice, vissée à demeure dans le filetage ad hoc ; vous choisirez la vergence de cette lentille (exprimée en dioptries) en fonction de votre affection visuelle personnelle. Ainsi vous cesserez de jongler avec vos lunettes et pourrez contempler confortablement l'intégralité du champ ; ayant retrouvé votre acuité visuelle d'antan, vous pourrez scruter le télémètre sans défaillance ! D'où ce proverbe, que je viens d'inventer : "Adieu lunettes, bonjour télémètre !" :lol:

Je suppose que l'usage de la loupe x 1,25 (pour ceux qu'elle tenterait) ne doit pas être incompatible avec la mise en place d'une telle lentille compensatrice.

Quant à vos vilebrequins, apparemment capables d'étonnantes prouesses :o , faites quand même attention à ne pas couler une bielle !

Bien à vous,

Jean D.
par Jean D.
mardi 29 juin 2004 - 15:31
 
Forum: Leica M : objectifs
Sujet: Infos sur le 90/2,8 ancienne version
Réponses: 59
Vus: 19297
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