amansjeanphilippe a écrit :
Hello
les questions à se poser sont "pourquoi exposer un film 400asa à 200asa?", "qu'est-ce qu'un bon développement?" et "qu'est-ce qui fait la sensibilité d'un film?"
"qu'est-ce qu'un bon développement?"
essentiellement, un bon développement est un développement qui donne un gamma compatible avec le sujet (dynamique du sujet vs gamme de gris, ombres résolues et hautes lumières non cramées) et la chaîne graphique (scanner, agrandisseur et papiers...)
"pourquoi exposer un film 400asa à 200asa?"
certains films étiquetés 400asa sont en fait des 200asa, voire moins, dont le développement poussé donne un 400asa acceptable (HP5, tri-X par exemple). D'autres films sont de réels 400asa (Rollei retro 400s) dont la gamme de gris (Dmax) en a encore sous le pied et permet une sur-exposition systématique de 1 diaph afin de favoriser les ombres...
Quand on mélange les deux réponses, on a la solution.
Les temps de développements donnés pour 400asa donnent avec ces films une courbe de noircissement à gamma 0.7 qui est compatible avec un tirage sur agrandisseur à condenseur et papier grade 2. Exposer à 200asa et développer à 400asa vous donnera des négatifs un peu + dense de 0.3*0.7=0.21D et un gamma de 0.7.
[color=#FF0000]Prolonger un développement fait deux choses: augmenter le voile (développement "physique"), sans intérêt, et augmenter le gamma ce qui diminue la dynamique d'enregistrement du film. Ce dernier point peut être intéressant pour des sujets sans contraste (paysage par temps de brume, dessins au crayon) ou pour la reproduction de sujet très contrastés dont on veut éviter les demi-teintes (textes imprimés...). L'augmentation du voile et de la densité générale, il apparaît une augmentation de la sensibilité par décalage de la zone V (gris à 18%), mais souvent au prix d'une perte d'information dans les ombres... Or la norme ASA/DIN calculent la sensibilité non à la zone V mais à 0.1D au dessus du voile et il n'y a donc quasi aucun intérêt à en gain de sensibilité "réelle" (suivant la norme).[/color]
Raccourcir un développement fait deux choses: diminution du voile (développement "physique") et baisse du gamma ce qui peu augmenter la dynamique d'enregistrement du film si le développement est assez long pour un développement correcte des hautes lumières/densités. Cela est bien sûr intéressant pour les sujets à grande dynamique tels les paysages ensoleillés où l'on veut du détail dans les ombres et les hautes lumières.
On trouve assez souvent des temps de développement pour les deux gammas 0.7 (standard) et 0.55. Pas forcement sur internet, mais dans les doc techniques papier des films et des révélateurs.
"qu'est-ce qui fait la sensibilité d'un film?"
à la base, il y a des atomes d'argent qui couplés à des halogénures (chlore, brome...) donne des molécules sensibles à la lumière (généralement bleue ou UV) et qui couplées à d'autres molécules ("couplant" ou "copulant") étendent leur sensibilité chromatique jusqu'au proche infrarouge. On peut jouer sur la taille des molécules et leur forme (grain tabulaire des T-max par exemple) pour faire varier un peu leur sensibilité/réactivité à la lumière, mais pas dans de grandes proportions (grosso-modo de 6 à 400~800 asa avec une taille de grain acceptable pour du 24x36). Donc, il y a peu de solution de grain sensible stable.
L'autre solution à ce problème est la composition/dilution/pH/température du révélateur. C'est d'ailleurs la seule réelle différence entre les révélateurs (choix et proportion des éléments (molécules) développateurs). Un révélateur à l'hydroquinone n'aura pas le même rendement (capacité à développer un grain + ou - insolé) qu'un révélateur au génol ou à l'élon. C'est aussi pour cela que certain font leur propre mixture...
On peut être tenté de changer le temps du révélateur et/ou sa dilution pour en limiter son activité, mais il convient de garder à l'esprit que suivant le type de cuve utilisé, un temps minimum est nécessaire aux manipulations et que un pH minimum est aussi nécessaire au bon fonctionnement des réactions chimiques (le stand développement fonctionne très bien au rodinal, pas du tout au microphen/accufin...)
On peut aussi changer la température, mais c'est éminemment non-linéaire comme effet entre 12°C et 18°C
Conclusion: plusieurs possibilités
1) exposer à 200 et développer à 400 vous donnera un négatif à peine + dense de 0.21D et un gamma de 0.7 bien standard avec + de détails dans les ombres.
2) choisir un révélateur "grain fin" limitera un sur-développement/monté du grain et vous donnera un négatif de densité normale et un gamma de 0.7 bien standard sans aucun gain dans les ombres.
3) exposer à 200 et raccourcir le développement vous donnera un négatif de faible densité globale avec peut-être aucun gain dans les ombres et un gamma faible...
lexique:
le développement "physique" est un développement de grain non-insolé, il est la cause principale du voile (densité uniforme sur le film)
J.Ph.
Bonjour Jean-Philippe,
Un point que tu n'as pas évoqué concernant le développement, peut être à dessein, car nous rentrons dans des techniques "plus marginales" et je mets des guillemets au terme, concerne le développement à faible agitation en solution stock. 12 ou plutôt 13 minutes, avec agitation de 10 secondes toute les 3mn30. Ce développement là n'augmente ni le gamma, ni ne fait perdre de détail dans les ombres, bien au contraire!
Il a donc l'effet inverse de celui que tu annonces, en cas d'agitation plus fréquente, par réduction du contraste en stoppant l'activité du révélateur dans les hautes lumières, par épuisement, tout en permettant de continuer son travail dans les ombres.
On obtient des résultats avec un gamme de gris plus étendue, un contraste maîtrisé et des hautes lumières contrôlés.
La technique est évoquée très largement dans la rubrique 'la méthode à Jules".
Amicalement