Il est paru dans le numéro 4 de la superbe revue 6 Mois. Et la quasi intégralité de l'édito du n°6 de cette revue lui est consacrée :
"C’est une histoire d’aujourd’hui et éternelle à la fois : la naissance d’une œuvre. Elle prend racine au bord de la Garonne, à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux. Alain Laboile est sculpteur de fer. C’est un artiste, qui fabrique des escaliers fantaisistes, des rambardes parsemées de libellules et des sculptures géantes, un « hippogriffe » de deux mètres cinquante ou un « centaure musicien » de quatre mètres.
En 2004, à force de rêver à des animaux géants, Alain Laboile s’intéresse au peuple miniature qui grouille sous ses pieds. Autodidacte de la photographie, il publie ses premières images d’entomologiste sur un forum d’amateurs : nuées d’insectes, colonies de fourmis et de limaces. Les passionnés sont sans pitié et lui servent de professeur de photo. Il forge son style au feu de la critique de ses pairs et s’inscrit dans la foulée à des concours amateur qu’il gagne, notamment le prestigieux prix Canon, qui lui offre un voyage photographique au-dessus de la canopée.
En parallèle, Alain Laboile s’intéresse à d’autres bestioles déroutantes : ses enfants. Il faut dire que sa famille n’est pas tout à fait comme les autres. Le premier mot qui vient à l’esprit est « vivante ». Une maison de bric et de broc au bout d’un chemin, un jardin de poche, une mare d’eau courante, une haie de bambous et un ruisseau. Voilà son royaume. Pas de télé. Un ordinateur pour chaque enfant. Et c’est tout. Il ne faut pas une demi-heure dans cette maison du bonheur pour comprendre que la grande affaire est le jeu. Ils ont l’art de faire de chaque jour une aventure. Les photos d’Alain Laboile s’en ressentent. Des images avec de l’humour, c’est rare. Ses noirs et blancs lumineux capturent la poésie du quotidien et l’esprit de liberté. Il publie les premières images de sa famille dans Compétence photo, la revue des amateurs, tandis que sa page Facebook prend son envol. Les messages se succèdent, de l’Argentine au Japon.
A la rédaction de 6Mois nous avons un coup de cœur pour ces images. Nous en faisons notre « Album de famille » du n°4, automne-hiver 2012-2013. Les Laboile et leurs six enfants viennent à Paris dans nos locaux pour une belle soirée avec les lecteurs. Pour eux c’est une consécration. En fait, tout commence.
Le célèbre photographe américain Jock Sturges découvre le travail d’Alain et s’en empare. Désormais, à chaque fois qu’il prend la parole, devant n’importe quel auditoire, Sturges le présente avec une formule choc : « Laboile est le nouveau Lartigue et l’héritier de Doisneau ». Il parle de sa découverte aux galeristes et aux éditeurs : article du chroniqueur photo du New York Times, reportage sur ABC News, expositions à Tokyo, Santa-Monica, New-Dehli et Vienne. Steidl, l’éditeur photographique le plus prestigieux du monde, a signé pour un album à paraître en 2014.
L’aventure d’Alain Laboile est pleine d’enseignements. Le web lui a servi d’école de photo et Facebook de salle d’exposition. Mais une œuvre devient légitime lorsqu’elle est choisie et reconnue – et ce processus échappe au buzz et aux « like »."
C'est une tuerie son travail. Mais c'est vrai que ses loupiots auront peut être du mal dans quelques années en voyant leur image ainsi publiée..