Cher summiluxiens,
Je vous livre ici quelques clichés essayant de retracer la mission pour laquelle mon unité a été envoyée en Martinique en février et mars 2009.
Vous avez eu sûrement quelques informations provenant des médias.
Vous excuserez le fait que je ne prenne pas position ; je n'en ai pas le droit.
Ce qui se passe dans un tel contexte est un long débat.
Reste que Baudelaire a écrit qu'il n'y avait de métier pour un homme que Roi, Poète ou Capitaine. Ce dernier demande donc au deuxième que vous êtes par vos oeuvres photographiques de jeter un coup d'oeil aux images prises "de l'intérieur" dans de tels événements.
C'était l'occasion d'essayer un M8 que je possède depuis janvier.
Un escadron de gendarmerie mobile se déplace... c'est sa justification... et est capable d'être projeté partout dans le monde (Outre-mer et opérations extérieures) dans des délais très courts. Pour un gendarme mobile, une année comporte plus de 200 jours de déplacement par an. Pour leurs familles aussi. Nous avons l'occasion d'essayer tout un tas de type de transport divers et variés, tout public ou spécialisés... le 10 février nous avons profité d'"air force one" ! Il s'agit d'un A340 commercial de l'armée de l'air estampillé "République Française" qui sert par exemple à la récupération d'otages, la projection de gendarmes, de militaires, de négociateurs, etc..
Certains d'entre-nous laissent des familles, des proches seuls. Le 21e siècle a fait du téléphone portable l'un des meilleurs amis du gendarme mobile...
La gendarmerie a un statut militaire. Ce statut lui permet de couvrir tout le spectre d'une crise qui va d'une situation calme "de paix" en passant par le maintien de l'ordre, le rétablissement de l'ordre, l'insurrection et le temps "de guerre".
A l'arrivée sur l'île, l'activité économique était bloquée. Zone commerciales barricadées, magasins fermés, dépôt de carburant bloqué. Outre les revendications syndicales, des propos émanant de certains propriétaires "historiques" appelés békés ont marqué les esprits et réveillé une division d'un autre âge : "antillais" - "colons". Les propos racistes, condamnés, ont déclenché des manifestations aux abords des propriétés.
Le regard du chef, posé, serein, après avoir négocié avec les manifestant au second plan :
Mission donc de prévention et d'interposition pour éviter que s'affronte la population de l'île.
Parmi cette mission de prévention, nous avons accompagné le ravitaillement au compte-gouttes des stations services de l'île. Inquiétude principale de la population, les files d'attente impressionnantes se constituaient dès 4h du matin aux abords des stations et ce, sans savoir si cette dernière allait être ravitaillée ou non. Un pari. Discipline... parfois énervement. Outre les missions d'escorte des citernes, nous assurions également la bonne distribution.
Ces scènes de rationnement sous l'oeil de la force publique sont d'un autre âge...
Et le sourire que tout le monde pouvait aborder en voyant la pompiste remplissant enfin le réservoir après tant d'attente :
Cette mission d'ordre public s'est déroulée avec une bonne entente de la population, "victime" des blocages. Si elle accordait sa sympathie au collectif du 5 février, en charge de la négociation avec le patronat, elle comprenait notre présence pour éviter que certains électrons libres ne perturbent le peu de fonctionnement accordé.
Mais il fallait anticiper quelques réactions et s'équiper :
Et la suite devait nous donner raison...
En marge d'une manifestation et des négociations, des casseurs ont décidé d'en découdre avec les forces de l'ordre ; images de Fort de France à feu et à sang :
De longues nuits de violence, d'émeutes. Nous n'avons pas fait l'objet que de tirs de pavés et de cocktails molotov... des individus armés n'ont pas hésité à ouvrir le feu sur nous.
Les autres soirs ont fait l'objet d'un contrôle du centre ville de Fort-de-France : ville déserte... ambiance check-point
Ravitaillement et vie commune dans les véhicules :
Après ces nuits chaudes, le calme a repris laissant les négociations se mener plus sereinement.
Mais le climat devait se retendre. En effet, après 5 semaines de blocage de la vie économique, une partie de la population était lasse de ne pas pouvoir se ravitailler normalement et de reprendre le travail. La menace de faillite de certaines entreprise et le licenciement des employés a poussé quelques personnes voulant reprendre le travail à manifester "contre" les grévistes. L'agitation des casseurs devait faire basculer la journée :
Une violence exprimée au travers des projectiles volumineux...
Des accords ont fini par être signés et nous avons encore assuré le bon déroulement de la réouverture des centres commerciaux.
La vie ayant repris sur la Martinique, nous avons pu rejoindre la métropole mi mars après des moments d'une grande intensité.
Je vous livre ce reportage sans idée de polémique ni d'opinion.
C'est simplement l'occasion de vous livrer des photos prises d'un des côtés d'un mouvement social et de les laisser à vos avis et critiques.
Elles ont été prises par un M8.2 avec un cron 35. Je suis conquis.
Par le plaisir de retrouver des objectifs extraordinaires sur un traitement informatique très intéressant, je vais avoir du mal à re-sortir mon MP et les pellicules... mais là encore... autre polémique.
Je découvre Lightroom depuis peu... en autodidacte... je vais sûrement m'orienter vers un stage dont j'ai entendu parler par ici... mais n'hésitez pas à me dire ce qui ne vous convient pas.